Démarche Artistique

Dans mes œuvres réside la métamorphose.

Chacune d'entre elles est une métaphore de la transformation, celui de notre monde physique en pleine mutation écologique et celui de notre monde intérieur, en quête de développement personnel et spirituel.

Mes compositions sont des collages mentaux qui puisent dans un réservoir d'inspirations variées, allant des mythes, des religions à l’imagerie alchimique et divinatoire. Elles sont transfigurées sur la toile, le papier ou la terre comme des fragments de rêves, des apparitions.

En découle un univers à la végétation foisonnante, semblable à des OGM baroques, traversé de formes serpentines qui évoquent les ondes, les énergies invisibles qui nous entourent. La nuit y est éclairé par des couleurs chatoyantes et par le halo sacré qui entourent un bestiaire totémique. Après le déluge, c’est la renaissance de cette nature psychédélique qui garde cependant en mémoire quelques brides du passé: statues antiques, vierges et vénus croisent le chemin d’êtres chimériques et de quelques Hommes.

Ces marcheurs errants revêtus de costumes folkloriques et de masques rituels incarnent l’explorateur, un des archétypes théorisés par Carl Jung. En route vers des territoires inexplorés, il puise sa force dans l’inconscient collectif pour atteindre la transcendance.

Bio

Maël Nozahic est née en 1985 et travaille à Paris et Fouesnant.

Elle obtient son DNSEP à l’EESAB- site de Quimper en 2009 et débute sa carrière à Berlin.

Elle présente régulièrement ses oeuvres d’une manière collective ou personnelle dans des centres d’art (au Casino Luxembourg, au Confort Moderne, à 40m3 etc.), des galeries (chez Maïa Muller, Da-End, Valérie Delaunay etc.) et des musées (à l’IMOCA à Dublin, au Freies Museum à Berlin etc.)

Elle collabore régulièrement avec des commissaires d'exposition tels que Paul Ardenne ou Amélie Adamo et a participé aux foires Drawing Now, Art Paris, DDessin ou Art Geneve (2022).

Texte de Paul Ardenne pour l’exposition Huminimalisme/ Paris (2022)

Maël Nozahic, peintre, graveure, sculpteure – avec une prédilection pour la céramique et le papier mâché – est l’auteure d’une oeuvre réellement surprenante. De mystérieux personnages sortis de récits improbables et de légendes du passé, figures évoquant de vieilles croyances, le corbeau cloué sur la porte des granges rurales et le compte-rendu ethnographique, le disputent chez cette jeune artiste à une aspiration aiguë à représenter le monde comme nous ne savons plus le voir : sous l’angle, en l’occurrence, de nos représentations primordiales. Débordant de personnages hybrides, de figures mythologiques et de terreurs irrationnelles, l’oeuvre de Maël Nozahic croise à des années-lumière de l’esprit puriste de la modernité sans s’en tenir, tout bien pesé, si éloignée. La modernité, qui n’en fait pas étalage, et comme pour se préserver d’un saut trop audacieux dans l’inconnu, a en effet toujours conservé des liens flottants avec l’archaïsme. Les racines, on le sait, ne sont pas forcément aisées à déterrer. Regardons, pour nous en assurer, le large panel d’oeuvres présentées par Maël Nozahic dans l’exposition « Humanimalismes ». Ronde de vie, grande peinture à l’huile diluée à l’eau, à contresens de la Ronde de Matisse où s’élancent des corps nus, présente à nos regards une Ronde de nuit des plus insolites, comme tirée d’on ne sait quel rêve ou conte fantastique. Plusieurs personnages semi-nus ou vêtus d’oripeaux improbables (des peaux de bêtes, des déguisements et des masques d’animaux, des coiffures de carnaval…) y tournent autour d’un dense arbre de vie comme en un sabbat de ménades et de satyres. Que fêtent-ils en ces lieux incertains ? De quoi veulent-ils se prémunir, se protéger ? Quelle intention propitiatoire présidet-elle à leur sarabande endiablée, un Sacre du printemps qui convoque de loin en loin les fêtes païennes de la Saint-Jean ou de Walpurgis ? Le Fléau, un groupe de hyènes sculptées de manière volontairement enfantine, sans souci de la restitution naturaliste, offre cette fois la vision insolite d’un curieux groupe animal dont le leader arbore pour couronne la maquette d’un manège, en un effet décalé de majesté. Quant à la série des Mondfänger, littéralement les « Chercheurs de Lune », cet ensemble de grands portraits peints laisse de nouveau perplexe. Qui sont ces personnages affublés de façon invraisemblable, parés pour une cérémonie ou la conduite d’un rituel obscur ? Pourquoi leurs échasses, leurs peaux de bêtes, leurs masques ? Un mythe mosellan raconte comment, pour attraper la Lune se reflétant dans une mare, quelques illuminés avaient entrepris de faire vider la mare de son eau par une vache… L’humanité, à la lisière du sérieux scientiste et de la croyance primitive, toujours. Le monde de Maël Nozahic peut rappeler celui, photographié par Charles Freger, des « sauvages contemporains », ces hommes et ces femmes de contrées reculées de l’Europe veillant à perpétuer des rites ancestraux (portfolio Wilder Mann, Thames & Hudson, 2011). Développé à l’écart de nos contrées sururbanisées pour commuters, mais bel et bien survivant, il évoque les temps passés de l’animisme, du folklore des campagnes et des forêts, celui aussi de la sorcellerie, sans accent passéiste mais selon les modalités d’une instante réactualisation : comme pour nous signifier que perdure, dans nos sociétés ultratechnologiques, un substrat puissant de croyances ancestrales et de pulsions à la mythologie. Ce substrat, fréquemment, voit l’homme muter, se faire thérianthrope, en adoptant le corps et les attributs de l’animal. La preuve que l’humain ne suffit pas.